Hard-boiled detective novel

Publié le par Voltaire Traduction

Entrons dans le monde de la littérature anglo-saxonne avec cet article. Le sujet est vaste alors cet article sera consacré comme son titre l'indique au Hard-boiled novel - un sous-genre du roman noir, mettant en scène des durs à cuire.

Hard-boiled detective novel

Ce terme américain décrit ce que nous appelons nous le roman noir dans la littérature policière, presque littéralement hard-boiled désigne un dur à cuire, boil = bouillir, le terme étant utilisé à l'origine pour décrire un oeuf trop cuit. Nous sommes en plein dans le roman policier réaliste mettant en scène un monde plutôt violent, corrompu, et dont le héros est bien évidemment du genre dur à cuire, souvent torturé intérieurement.

Il ne s'agit donc pas que d'une traduction ou d'un équivalent (erreur souvent commise) pour désigner le genre du
roman noir, qui peut se dire The Noir Thriller en anglais, mais bien d'une  "sous-catégorie" à part entière du roman noir,  trouvant son origine aux Etats-Unis. Le roman noir s'inscrit lui dans la catégorie plus large du roman policier - detective novel. L'un des grands précurseurs du style est Raymond Chandler avec son personnage de Philip Marlowe. Les amateurs d'histoires de détectives en tout genre l'auront bien compris, l'intrigue - the plot se déroule dans un univers souvent empreint de cynisme, de désillusions, révélant généralement les failles du système. Les personnages - characters sont régulièrement confrontés à des dilemmes, évoluant dans un monde tout en nuances de gris, ou les limites du bien et du mal ne sont pas toujours très bien définies. Nous sommes donc dans l'action, la violence, l'exact opposé des Cozies, ces romans d'inspiration anglaise qui privilégie l'activation des méninges avec une trame bien définie. Le hard-boiled litterary style est d'ailleurs un peu une réaction d'auteurs américains à ce style qu'ils jugeaient très conventionnel à l'époque.

Le style est apparu dans les années 30 environ avec des auteurs tels que
Dashiel Hammett, un must du genre avec la création du grand Sam Spade, Raymond Chandler, déjà cité, ou encore Ed Mc Bain, James M. Cain et John Mc Partland pour être poursuivi au début des années 80 par des auteurs tels que James Ellroy, dont le nom parle peut-être un peu plus déjà. Le Dahlia Noir - the Black Dahlia et L.A. Confidential, adaptations cinématographiques, c'est lui !

Il est intéressant de noter que parmi ces auteurs de la première heure, un certain nombre d'entre eux (dont certains que je n'ai pas cités) ont eu une vie, sinon tragique, du moins turbulente et difficile... Hammett, emprisonné lors du Maccarthysme et rongé par l'alcoolisme et la maladie, Chandler, qui connut de grandes périodes d'alcoolisme et tenta de se suicider en 1955, James Ellroy, qui toucha un peu à tout à une certaine période et vécut l'assassinat jamais résolu de sa mère en 1958. J'en passe et des meilleures...

Profil du détective type de ces romans:

1. C'est un détective privé - private investigator qui travaille seul en général et qui est plutôt du genre solitaire - loner.
2. Il a entre 35 et 45 ans, vit seul, se nourrit de café, cigarettes, et frites et a une bonne descente sans être jamais vraiment soûl - drunk. En tout cas, jamais assez soûl pour être incapable de se défendre.
3. Il a souvent un bureau miteux - shabby dans un grand immeuble (du genre 10ème étage) du centre ville - downtown.
Petite différence culturelle ici à comprendre: aux Etats-Unis, le centre ville était souvent un quartier bas de gamme (même si à l'heure actuelle cela peut changer) contrairement à la France. C'est dû au phénomène des années 50  aux US qui a vu apparaître lles banlieues - suburbs, destinées à l'origine aux familles aisées avec des enfants qui voulaient une maison et donc signe d'aisance. Les centre ville se sont vidés progressivement et ont laissé place à des terrains vagues, etc. La rénovation actuelle (dix dernières années) de ces quartiers enraye ce phénomène.
4. Toujours, toujours, une femme fatale dans les parages (qui se traduira tel quel)
5. Il n'hésite pas à tuer si c'est nécessaire, sa morale est très personnelle. Il fraye aussi avec la lie de la société, les gangs, la mafia, c'est comme ça qu'il se fait sa réputation mais collabore aussi avec la police. Il est donc considéré par les flics - cops comme un "emmerdeur", plus poliment, un fauteur de trouble - troublemaker.

Voilà pour la petite incursion dans le territoire monde des private eyes - terme souvent utilisé pour private investigator - dans le style littéraire du Hard-boiled. Cette description typique du privé américain est représentative des débuts du roman noir et bien qu'encore valable, elle a bien sûr évolué avec notre époque. Certains romans classés dans ce style peuvent mettre en scène une femme par exemple en reprenant les grands classiques du genre tout de même. Par ailleurs, ce style a lui aussi généré l'apparition de "sous-genres" et dérivés qui sont tellement nombreux qu'il faudra plusieurs articles pour tous les aborder !

Parmi un des auteurs qui ont pris la relève à l'heure actuelle, citons Denis Lehane, plusieurs fois adapté au cinéma (Mystic River entre autres), qui a écrit des épisodes de l'excellente série The Wire - Sur écoute, Harry Crews, très très noir et plein d'ironie, James Lee Burke, surnommé le "Faulkner du roman criminel" et qui a reçu l'Edgar du meilleur roman policier avec Black Cherry Blues, et Michael Connelly avec son héros au nom dur à oublier,
Hieronymus Bosch.

Pour ceux qui lisent en version originale, je n'ai pas besoin de préciser que la lecture peut-être... ardue !! L'argot - slang utilisé,  années 50 ou 2000 (c'est le vocabulaire de la rue souvent), l'accent aussi pour les films, rien de plus difficile. Voilà donc une adresse très sympa pour décortiquer le vocabulaire utilisé dans ces romans, il faut être anglophone déjà puisqu'il s'agit d'un lexique des expressions les plus souvent rencontrées.

http://www.miskatonic.org/slang.html



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